En juin, Defense Zone s’est rendu au salon Eurosatory , le plus grand événement mondial dédié à la défense et à la sécurité terrestre et aéroterrestre. À cette occasion, nous avons rencontré Charles Beaudouin, ancien général deux étoiles devenu directeur général du COGES, l’organisateur officiel du salon. Fort de ses 38 ans de carrière militaire et de deux décennies dans la gestion de programmes capacitaires, il nous a livré une analyse profonde de l’industrie de la défense, des défis géopolitiques et de la reconversion des officiers. Découvrez son regard éclairé sur cet événement incontournable.
🌍 Un contexte international inédit
Après quatre ans d’interruption, Eurosatory 2022 marque son grand retour : 1 800 exposants, 100 000 visiteurs et 250 délégations issues de plus de 100 pays. Mais cette édition post‑Covid se distingue par un contexte marqué :
- Le premier conflit étatique aux portes de l’Europe depuis 1945, rappel brutal de la fragilité de la paix.
- Une « régionalisation » des échanges : la dépendance aux terres rares (85 % contrôlées par la Chine) appelle à diversifier les approvisionnements et renforcer l’autonomie stratégique.
- La prise en compte du changement climatique dans les équipements militaires : moteurs hybrides, gestion énergétique et reconstruction écologique post-conflits sont devenus des priorités.
- L’explosion des technologies numériques : intelligence artificielle, drones armés et robots partiellement autonomes redéfinissent la nature des conflits.
Cette orientation résolument tournée vers l’avenir souligne à quel point Eurosatory est plus qu’un salon de matériel : c’est un baromètre des mutations technologiques et géostratégiques.
🏛️ Eurosatory : un enjeu économique et industriel
Organisé sous l’égide du ministère des Armées, Eurosatory est un forum exclusivement professionnel, permettant aux États et aux industriels de s’informer, de négocier et d’anticiper l’évolution des besoins militaires. La majorité des stands présente des solutions de gestion de crise (sécurité civile, cyber, drones…), tandis que seulement 10 à 15 % exposent des armes létales, selon Charles Beaudouin. Ce salon n’est pas une plateforme contractuelle : tout contrat d’exportation d’armement nécessite une autorisation d’État préalable et s’inscrit souvent dans des négociations longues, parfois repensées en raison des changements géopolitiques (comme le cas des Bâtiments de type Mistral initialement destinés à la Russie).
Les délégations militaires, y compris celles issues d’unités comme le RAID ou la BRI, viennent aussi y découvrir les évolutions technologiques, afin de préparer à la fois l’avenir stratégique (« où en sera la Défense dans 10 à 20 ans ? ») et les besoins immédiats.
Pour aller plus loin
Abonnez-vous à notre magazine papier pour recevoir les prochains numéros avec analyses exclusives et reportages sur les dernières évolutions géopolitiques. Profitez dès maintenant de nos contenus Premium.
